Le mental en parapente

4 Août 2021 | Parapente

Quand j’ai commencé à voler, il y a 14 ans, je ne me rendais pas compte de l’importance du mental en parapente. Le vol était pour moi un pur plaisir et je ne me posais pas vraiment de question. Plus je volais, plus cela me semblait naturel.

Le boulot a fini par prendre le dessus. J’ai consacré moins de temps au parapente. Je ne volais plus autant, jusqu’à ne plus voler du tout. Pourtant, tous les ans, je promettais de m’y remettre ! Mais j’avais toujours un empêchement ou la météo n’était pas assez bonne. Jusqu’à cette année.

Le parapente, un sport mental ?

Qu’est ce qui a changé cette année ? A force de repousser les occasions de vol, je me suis posé des questions. Surtout, LA question : Pourquoi ? Après tout, j’ai fait pas mal de vol, j’ai passé mon brevet de pilote, je sais décoller et atterrir. Alors, pourquoi ne vais-je pas voler ? La première réponse qui m’est venue a été, parce que j’ai peur. Mais peur de quoi ?

Cela fait longtemps que je n’ai pas volé, alors il est normal d’avoir une certaine appréhension. Je sais que le mental en parapente est un élément important. Pourtant quelques vols en conditions calmes suffiraient à me rappeler les gestes basiques. S’ils ne s’oublient jamais complètement, le manque de pratique efface les automatismes et les repères que j’avais. Toutes ces habitudes que j’avais prises lorsque je volais régulièrement me semblent loin. Il me faut maintenant faire l’effort de penser à chaque geste. Et c’est là un élément important ! Car l’homme n’est pas fait pour voler. Nos réactions ne sont donc pas innées. Et si j’oubliais quelque chose ? Voilà la principale inquiétude !

Il faut aussi réapprendre à analyser les conditions aérologiques. La météo permet-elle de voler ? La tendance est plutôt à la sécurité, alors le moindre doute sur la météo me fait repousser la sortie. Le vent semble toujours se renforcer, ou les nuages ne me plaisent pas ! Je n’ai tout simplement plus le recul ni l’habitude d’observer le ciel et de distinguer les caractéristiques de la masse d’air.

La pression du groupe

Pourquoi ne pas demander de l’aide alors ? On vient alors à un second point de pression. La pression du groupe. Car ceux qui ont continué à voler ces dernières années ont l’expérience. Ils ont entretenu leurs connaissances, mieux, ils ont progressé dans leur pratique. Pour eux, les conditions sont bonnes, bien sûr que ça vole ! Il faut donc faire la part des choses entre l’analyse des conditions et l’avis des pilotes.

Mais j’ai décidé de me remettre au parapente ! Alors un jour, je prends mon courage à deux mains, je regarde la météo et je monte au décollage. Les conditions sont bonnes. Je repasse dans ma tête les gestes, les phases (oui, je suis passée par la pente école avant!). Les copains sont là, on rattrape le temps passé. Et puis tout le monde décolle. Si tout le monde décolle, moi aussi, non ? Sans que je m’en rende vraiment compte, la pression du groupe fait son effet. Tout le monde est en l’air, je dois y aller aussi. Et puis, tous s’attendent à ce que je décolle.

J’ai volé ce jour là. Mais je n’ai pas apprécié mon vol. En y réfléchissant plus tard, je me suis rendue compte que j’ai décollé parce que « je devais », parce que c’est ce que les autres attendaient de moi. J’ai commencé à me poser des questions après ce vol. Et j’ai compris que lorsqu’il s’agit de voler, le mental joue un rôle prépondérant en parapente.

C’est là que j’ai décidé de retourner en école. Faire un stage me permettrait de retrouver les sensations de vol, les habitudes. Et surtout, j’ai fait un stage dans une école différente. Pas celle du coin, où je connais tout le monde, où je peux croiser les membres du club, ceux qui me demandent ce que je fais là.

Le mental en parapente, l'effet de groupe

Le mental en parapente, à tous les stades du vol

Ce stage m’a non seulement permis de retrouver mes marques, mais il m’a surtout rappelé que la technique n’est pas l’élément essentiel d’un vol. Sans un bon mental en parapente, on ne vole pas loin !

Le parapente réclame une concentration importante à tout moment. Car voler n’est pas une évidence pour l’homme. Pour pouvoir profiter des sensations et de la vue en toute sécurité, il faut se préparer et contrôler en permanence son parapente. Et lorsque l’on n’a pas volé depuis un certain temps, comme moi, il faut aussi se préparer à la reprise.

Avant le vol, préparation du mental

Bien avant de décoller, le vol se prépare. En regardant la météo et les prévisions, on commence déjà à imaginer son parcours. Une fois le site choisi, le cheminement s’imagine bien avant d’arriver sur place. C’est encore plus vrai lorsque l’on projette de partir en cross. On visualise un parcours possible en fonction de la météo et en prenant en compte les restrictions de vol.

Sur place, on observe encore l’évolution des conditions météo, on les compare mentalement à ce qui était prévu.

Vient ensuite le moment de se préparer à décoller. Le décollage est l’une des phases les plus importantes du vol, il faut la soigner. Et pour cela, on ne cesse de le répéter, il faut prêter une grande attention à la préparation de son matériel. Bien étaler sa voile, vérifier ses suspentes et sa sellette n’ont pas uniquement pour but d’éviter un problème technique. C’est aussi le moment où l’on se prépare mentalement à voler.

Il y a quelques temps de nombreux rappels ont été fait pour sensibiliser les pilotes à l’importance de bien se concentrer lorsque l’on se prépare et que l’on attache la sellette. Il y a en effet eu plusieurs accidents où les pilotes n’étaient pas correctement attachés. Nous ne tenons sous nos voiles que par quelques attaches. Il vaut donc mieux ne pas en oublier !

Voici enfin le moment de décoller. La concentration est maximale. Bien choisir le moment de gonfler, contrôler sa voile et faire un bon décollage est un prélude à un bon vol.

En vol, mental et parapente sont indissociables

De nombreuses choses se passent en vol, qui réclament toute l’attention du pilote. Il faut sans cesse écouter et ressentir les réactions de sa voile. Bien sûr, on peut se relâcher un peu lorsque l’air est calme, profiter de la vue, mais une partie de notre cerveau reste concentré sur ce que l’on sent. Car le parapente nous transmet d’innombrables informations sur la masse d’air. Il faut aussi être constamment prêt à réagir. C’est là ce qui demande le plus de concentration et de mental en parapente. Il faut réagir dans les bonnes proportions, rester lucide et ne pas se laisser emporter par le stress.

Tout en continuant le vol, en anticipant la trajectoire, on surveille le ciel. Il ne faudrait pas passer à côté d’un développement nuageux, qu’il nous indique de jolis thermiques ou l’arrivée d’un front. De petits cumulus qui se développent peuvent nous pousser à chercher les thermiques. Il faut alors faire preuve de patience et de persévérance. Abandonner la partie revient à aller se poser, alors que les conditions sont peut être en train de s’installer. A l’inverse, faire preuve d’impatience, vouloir absolument aller trop vite peut mener au même résultat. Dans ces conditions, tout se joue au mental en parapente.

S’il faut aller se poser, il vaut mieux avoir le temps de le voir venir. Des conditions qui se dégradent peuvent être à l’origine d’une situation difficile, voire d’un accident. Surveiller l’arrivée de nuages peu engageant permet d’éviter se retrouver dans une position délicate. En école, nous apprenons des techniques de descente rapide, pour pouvoir nous échapper de zones où l’ascendance est trop forte. Néanmoins, elles ne doivent pas devenir une norme dans notre plan de vol. Lorsque l’on en vient à devoir les utiliser, c’est généralement qu’il est déjà trop tard.

L’atterrissage, dernière pression sur le mental

L’atterrissage est sans doute la phase du vol où le mental est le plus sollicité en parapente. Après un beau vol, parfois de plusieurs heures, il faut encore demander un dernier effort à notre esprit pour rester concentré. Atterrir signifie revenir proche du sol, là où les erreurs ne pardonnent plus. La concentration doit être maximale alors que la fatigue se fait sentir. Construire une belle approche, bien visualiser le parcours d’arrivée permet de terminer le vol sur une belle note. De nombreux incidents à l’atterrissage sont liés à la fatigue du pilote, qui n’a plus la lucidité pour se préparer à se poser et analyser les conditions. D’un point de vue mental, en parapente, toute la difficulté est donc là : savoir garder des forces.

mental en parapente, rester concentré jusqu'au bout

Comment travailler le mental en parapente ?

Le mental, en parapente comme dans tout autre sport, se travaille. Au fur et à mesure de notre formation, nous apprenons à notre esprit à travailler, à rester concentré. Tout est dans la progressivité. Petit à petit, les exercices réalisés en vol nous aident à prendre confiance en nous et en notre voile. A force de répétition, nos réactions deviennent des réflexes et nous n’avons plus besoin de réfléchir à nos actions. C’est ce qui nous permettra par la suite de nous concentrer sur l’analyse des conditions, sur les autres pilotes en vol.

De la même façon, augmenter progressivement la durée des vols permet d’habituer notre corps et notre cerveau. C’est vrai, quand on a l’habitude de faire de petits vols, le premier vol qui dure est grisant ! Comme pour tout autre sport, y aller par étape est un gage de progression. Chaque vol est une expérience engrangée, qui permet de voler plus serein la fois suivante.

Ces derniers temps, on accorde de plus en plus d’importance au mental en parapente, et pas seulement pour les compétiteurs. De nombreuses écoles ont inclus des sessions de préparation mentale dans leur stage. Il existe même aujourd’hui des stages spécifiques, axés sur le mental, le ressenti du pilote ou la gestion du stress. Le but est de (re)trouver la sérénité en vol pour profiter au maximum des vols.

 

Et il ne faut pas oublier une chose : le parapente est un sport individuel ! Même s’il est agréable de partager ses vols avec des amis, stimulant d’essayer de se suivre, il faut avant tout s’écouter. Ce n’est pas parce que d’autres pilotes décollent et s’engagent dans de grands parcours que nous devons tous en faire autant. Certains préfèrent les vols du soir tranquilles dans des conditions calmes, d’autres aiment se faire chahuter dans les thermiques. Au bout du compte, chacun trouve son plaisir ! Et pour cela, il faut soigner son mental en parapente.

Le mental en parapente, pour profiter des vols

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